Nelly Vallance a une double formation d’ingénieur et de sciences politiques, orientée vers le domaine de l’énergie. Engagée au MRJC depuis 10 ans, elle en est la présidente depuis l’été 2020

 

« Maintenant, il va falloir apprendre à dialoguer »

  1. Dans sa Lettre au Peuple de Dieu, le pape François appelle à une transformation ecclésiale et sociale qui passe par un refus de toute forme de cléricalisme. Quel lien faites-vous entre transformation ecclésiale et sociale ?

Il y a un parallèle entre ce qui se passe dans l’Eglise et ce qui se passe dans la société. Nous avons besoin de lutter dans la société contre différentes formes d’oppressions. Le MRJC y est engagé, notamment pour combattre les discriminations en fonction du genre, de l’âge ou de l’origine territoriale. Il y a partout des rapports de pouvoir qui peuvent donner lieu à des abus. L’Eglise n’est pas étrangère aux relations déséquilibrées ; entre clercs et laïcs, entre sachant·e·s et écoutant·e·s, les rapports de pouvoirs sont réels et de nombreux abus liés à ce déséquilibre ont été révélés ces dernières années.
Nous luttons pour une société juste et équitable et cette exigence d’équilibre des relations nous la situons dans l’Eglise au même titre que dans le reste de la société.

  1. Quels domaines ou quelles évolutions vous paraissent prioritaires aujourd’hui ?

Le pape parle de synodalité, de marcher ensemble. Ce qui importe alors c’est que chacun·e puisse tenir sa place dans ce cheminement. Il s’agit de faire de la place pour les laïcs, pour les femmes, pour les jeunes, pour les personnes vulnérables, etc. Cela passe par une manière de s’écouter, par la reconnaissance de la façon de faire et de croire de chacun·e. Une Eglise qui est capable d’accueillir tout un chacun, une Eglise plurielle et ouverte.

  1. Quels obstacles ou quels points de vigilance voyez-vous sur ce chemin de la transformation ?

La difficulté est de se mettre tou·tes autour de la table et de dialoguer. C’est indispensable pour avancer ensemble. Mais dans l’Eglise comme ailleurs, il y a aussi des freins face au changement. La force de Promesses d’Eglise est déjà de mettre tout le monde autour de la table : des mouvements et communautés qui ont des manières de vivre l’Evangile de manière très variées, ainsi que les évêques. Maintenant, il va falloir apprendre à dialoguer en respectant nos différences et en abordant des sujets qui ne font pas l’unanimité. L’étape suivante sera de se dire ce que le dialogue transforme de notre perception des choses et notre manière de faire Eglise, et quelle inspiration nous en retenons pour demain.

  1. Quel signe ou quelle expérience concrète vous fait dire que cette transformation est déjà en marche ou en tout cas possible ?

Promesses d’Eglise est déjà un signe du changement. La démarche n’en est qu’à ses débuts, mais le collectif rassemble des mouvements, communautés et associations de tous horizons en lien avec la CEF. Nous y retrouvons le rôle de l’Eglise d’embrasser l’ensemble des baptisé·e·s dans une même Eglise, malgré les divergences de charisme. Nous pouvons y parler librement dans notre pluralité, dans un climat de respect et de paix. Le chemin pour aboutir à une Eglise synodale est encore long, mais le fait qu’un espace de dialogue existe déjà est encourageant.