Les pauvres dans l’Église

Les pauvres dans l’Église2023-11-14T16:23:09+01:00

Dans l’Église synodale, nous avons à apprendre les uns des autres. Sur le chemin de l’Évangile, il est possible que les pauvres nous précèdent et ont beaucoup à nous apprendre. Un groupe de travail propose de remettre les pauvres au cœur de l’Église.

Propositions du groupe de travail

Les pauvres : cœur de l’Église
La place des pauvres dans l’Église ne regarde pas seulement l’institution ; elle doit interpeller chaque chrétien. L’objectif premier n’est pas de les inviter à rejoindre les communautés chrétiennes mais
d’abord de créer avec eux une relation d’amitié, en allant vers eux pour les rejoindre là où ils sont, dans leur vie difficile et cabossée.
« Les très pauvres sont l’artère par laquelle coule la grâce » (J. Wresinski).
Ils sont sacrement du Christ « car c’est à eux qu’Il a choisi de s’identifier. C’est le Seigneur également
présent dans l’Eucharistie et dans le prochain » (J. Rodhain).
Sans vraie relation avec eux, l’Église s’anémie.

Tout part de la rencontre
La façon la plus sûre pour rompre l’isolement dans lequel enferme la grande pauvreté est de recréer des relations sans autre pensée que d’entrer en amitié avec eux. Cela se construit dans la durée et la patience, comme un apprivoisement mutuel qui doucement fait tomber les peurs réciproques et construit la confiance. Un compagnonnage, qui exige un regard qui espère, ne juge pas mais recherche ce qui est beau et grandit l’autre.
Si nous croyons que Dieu a rendu les pauvres capables d’entendre ce que les autres n’entendent pas, alors il nous faut les écouter (cf. Mt 11, 25 ; pape François, EG 198), être en attente de leur parole, la désirer, en renonçant à nos idées préconçues.

Créer des lieux de fraternité
Bien que la rencontre en face à face avec des personnes pauvres soit un premier pas indispensable, elle peut enfermer. C’est pourquoi il est nécessaire de l’ouvrir à des relations collectives : lieux de convivialité, de partage et d’échange, de création.
Ces lieux existent parfois localement (table ouverte paroissiale, groupe fraternel ou de partage d’Évangile…) ou sont inscrits dans des réseaux (Foi et Lumière, Réseau Saint Laurent…).
Les personnes pauvres témoignent que ces lieux fraternels permettent d’exprimer leur pensée, leurs talents, leurs questions sans crainte d’être jugées. Ce sont des lieux de joie, des oasis de paix et de fraternité dans des vies difficiles.

Passer du cri à l’élaboration d’une pensée partagée
Les pauvres sont souvent conduits à exprimer leurs souffrances par un cri.
Dans l’amitié, la confiance et la confrontation avec d’autres, chacun pourra exprimer et développer sa pensée qui rendra possible le passage du cri à la parole, du je au nous, du statut de victime à celui de témoin.
Peu à peu une parole personnelle et collective s’élabore dans des groupes de partage d’Évangile ; les personnes peuvent s’ouvrir au dialogue avec d’autres pour contribuer à construire l’Église et la société, et devenir témoins de tous ceux qui souffrent et surtout des « absents ». On peut parler de « la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux » (François, EG, 198).

L’amour est aussi civil et politique
Citant Laudato Si, François aime rappeler que « l’amour fait de petits gestes d’attention mutuelle est aussi civil et politique ». (FT 181) . Cela signifie que les pauvres nous ouvrent les yeux sur les échecs de notre société, sur les injustices, les défaillances de nos organisations et leur incapacité à protéger les plus petits et à leur permettre une vie digne.
Cette indignation devant les souffrances de nos frères nous poussent à agir collectivement, à entrer dans le champ de la plus grande charité, la charité politique (FT180).
La fraternité avec les plus petits nous oblige à une conversion personnelle, à un questionnement sur la sobriété, l’écologie, le partage des richesses, le rôle de la finance, les relations entre pays du Sud et du Nord… Toutes questions qui doivent absolument être travaillées de manière synodale à partir de l’expérience et de la parole des pauvres, en croisant leurs savoirs avec les nôtres et avec ceux des experts (théologiens, scientifiques, sociologues …).

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