La formation des prêtres
L’homélie du pape François pour le lancement du synode

Dans son homélie de la messe de lancement du synode, le pape François nous fixe notre feuille de route.
Un texte à méditer
Un homme riche va à la rencontre de Jésus alors qu’il « se met en route » (Mc 10, 17). Souvent,
les Evangiles nous montrent Jésus « sur la route », marchant aux côtés de l’homme, à l’écoute
des questions qui habitent et agitent son coeur. Il nous révèle ainsi que Dieu n’habite pas les lieux
aseptisés, les lieux tranquilles, loin du réel, mais qu’il chemine avec nous et nous rejoint là où
nous sommes, sur les sentiers souvent ardus de la vie. En ouvrant aujourd’hui le parcours
synodal, commençons par tous nous demander – Pape, évêques, prêtres, religieux et religieuses,
frères et soeurs laïcs –: nous, communauté chrétienne, incarnons-nous le style de Dieu, qui
chemine dans l’histoire et partage les défis de l’humanité ? Sommes-nous disposés à vivre
l’aventure du cheminement ou, par peur de l’inconnu, nous réfugions-nous dans les excuses du
« cela ne sert à rien » ou du « on a toujours fait ainsi » ?
« Faire Synode » signifie marcher sur la même route, marcher ensemble. Regardons Jésus sur le
chemin, qui rencontre d’abord l’homme riche, puis écoute ses questions, et enfin l’aide à discerner
ce qu’il faut faire pour avoir la Vie éternelle. Rencontrer, écouter, discerner : trois verbes du
Synode sur lesquels je voudrais m’attarder.
Rencontrer. L’Evangile s’ouvre par le récit d’une rencontre. Un homme va à la rencontre de Jésus,
s’agenouille devant lui, et pose une question décisive : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la
Vie éternelle ? » (v. 17) Une demande aussi importante réclame de l’attention, du temps, de la
disponibilité à rencontrer l’autre et à se laisser interpeller par son inquiétude. De fait, le Seigneur
ne se met pas à distance, il ne se montre pas agacé ou dérangé ; au contraire, il s’arrête avec lui.
Il est disponible à la rencontre. Rien ne le laisse indifférent, tout le passionne. Rencontrer les
visages, croiser les regards, partager l’histoire de chacun : voilà la proximité de Jésus. Il sait
qu’une rencontre peut changer une vie. Et l’Evangile est parsemé de ces rencontres avec le Christ
qui relèvent et guérissent. Jésus n’était pas pressé, il ne regardait pas sa montre pour terminer la
rencontre en avance. Il était toujours au service de la personne qu’il rencontrait, pour l’écouter.
En commençant ce parcours, nous sommes aussi appelés à devenir experts dans l’art de la
rencontre. Non pas dans l’organisation d’évènements, ou dans la réflexion théorique sur des
problèmes, mais avant tout dans le fait de prendre le temps de rencontrer le Seigneur, et de
favoriser la rencontre entre nous. Un temps pour donner de la place à la prière, à l’adoration –
cette prière que nous négligeons tant : adorer, faire place à l’adoration –, à ce que l’Esprit veut
dire à l’Eglise ; un temps pour se tourner vers le visage et la parole de l’autre, pour la rencontre en
tête à tête, pour se laisser toucher par les questionnements des soeurs et des frères, pour s’aider
mutuellement afin de nous enrichir de la diversité des charismes, des vocations et des ministères.
Chaque rencontre – nous le savons bien –, demande de l’ouverture, du courage, de la disponibilité
à se laisser interpeller par le visage et l’histoire de l’autre. Même si nous préférons parfois nous
abriter dans des relations formelles ou porter un masque de circonstance – l’esprit clérical ou de
cour : je suis plus monsieur l’abbé que père –, la rencontre nous transforme et nous suggère
souvent de nouveaux chemin que nous n’avions pas imaginés parcourir. Aujourd’hui, après
l’Angélus, je vais recevoir un groupe de gens de la rue, qui se sont simplement rassemblés parce
qu’il y a un groupe de personnes qui va les écouter, seulement pour les écouter. Et de l’écoute, ils
ont réussi à se mettre à marcher. L’écoute. C’est souvent ainsi que Dieu nous indique la route à
suivre, en nous faisant sortir de nos routines fatiguées. Tout change lorsque nous sommes
capables de vraies rencontres avec lui et entre nous. Sans formalismes, sans prétextes, sans
calcul.
Deuxième verbe : écouter. La vraie rencontre naît seulement de l’écoute. Jésus, en effet, se met à
l’écoute de la question de cet homme et de son inquiétude religieuse et existentielle. Il ne donne
pas une réponse “rituelle”, il n’offre pas une solution toute faite, il ne fait pas semblant de répondre
poliment pour s’en débarrasser et continuer sa route. Il l’écoute simplement. Tant qu’il le faut, il
l’écoute, sans hâte. Et – la chose la plus importante – Jésus n’a pas peur de l’écouter avec le
coeur, et pas seulement avec les oreilles. D’ailleurs, il ne se contente pas de répondre à la
question, mais il permet à l’homme riche de raconter son histoire personnelle, de parler de soi
librement. Le Christ lui rappelle les commandements, et celui-ci commence à raconter son
enfance, à évoquer son parcours religieux, la manière avec laquelle il s’est efforcé de chercher
Dieu. Lorsque nous écoutons avec le coeur, c’est ce qui arrive : l’autre se sent accueilli, non pas
jugé, libre de raconter son vécu et son parcours spirituel.
Interrogeons-nous, avec sincérité, dans cet itinéraire synodal : comment sommes-nous à
l’écoute ? Quelle est la qualité d’écoute de notre coeur ? Permettons-nous aux personnes de
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s’exprimer, de cheminer dans la foi même si elles ont des parcours de vie difficiles, de contribuer
à la vie de la communauté sans être empêchées, rejetées ou jugées ? Faire Synode, c’est
emboîter le pas au Verbe fait homme, suivre ses traces en écoutant sa Parole avec les paroles
des autres. C’est découvrir avec stupeur que l’Esprit Saint souffle toujours de façon surprenante,
pour suggérer des parcours et des langages nouveaux. C’est un exercice lent, qui peut être
laborieux, d’apprendre à s’écouter mutuellement – évêques, prêtres, religieux et laïcs, tous, tous
les baptisés – en évitant les réponses artificielles et superficielles, les réponses prêt-à-porter, non.
L’Esprit nous demande de nous mettre à l’écoute des demandes, des angoisses, des espérances
de chaque Eglise, de chaque peuple et nation, mais aussi à l’écoute du monde, des défis et des
changements qu’il nous présente. N’insonorisons pas notre coeur, ne nous blindons pas dans nos
certitudes. Les certitudes nous ferment souvent. Ecoutons-nous.
Enfin, discerner. La rencontre et l’écoute réciproque ne sont pas une fin en soi, qui laisseraient les
choses demeurer en l’état. Au contraire, lorsque l’on entre en dialogue, nous nous mettons en
discussion, en chemin, de telle façon qu’à la fin, nous ne sommes plus les mêmes qu’auparavant,
nous sommes changés. L’Evangile d’aujourd’hui nous le montre : Jésus devine que l’homme en
face de lui est bon et religieux, qu’il pratique les commandements, mais il veut le conduire au-delà
de la simple observance des préceptes. Dans le dialogue, il l’aide à discerner. Il lui propose de
regarder au fond de lui-même, à la lumière de l’amour avec lequel lui, Jésus, fixant son regard sur
lui, l’aime (cf. v. 21), et de discerner, à cette lumière, à quoi son coeur est réellement attaché. Il
découvre ainsi que son bien ne consiste pas à ajouter d’autres actes religieux mais, au contraire,
à se vider de lui-même : vendre ce qui occupe son coeur pour laisser de l’espace à Dieu.
C’est une précieuse indication aussi pour nous. Le Synode est un chemin de discernement
spirituel, de discernement ecclésial, qui se fait dans l’adoration, dans la prière, au contact de la
Parole de Dieu. La deuxième lecture d’aujourd’hui nous dit précisément que la Parole de Dieu est
« vivante, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de
partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des
pensées du coeur » (He 4, 12). La Parole nous ouvre au discernement et l’éclaire. Qu’elle oriente
le Synode, pour qu’il ne soit pas une “convention” ecclésiale, un colloque d’études ou un congrès
politique, pour qu’il ne soit pas un parlement, mais un évènement de grâce, un processus de
guérison conduit par l’Esprit. En ces jours, Jésus nous appelle, comme il l’a fait avec l’homme
riche de l’Evangile, à nous vider, à nous libérer de ce qui est mondain, et aussi de nos fermetures
et de nos modèles pastoraux répétitifs. Il nous appelle à nous interroger sur ce que Dieu veut
nous dire en ce temps, et dans quelle direction il souhaite nous conduire.
Chers frères et soeurs, je vous souhaite un bon chemin ensemble ! Puissions-nous être des
pèlerins amoureux de l’Evangile, ouverts aux surprises de l’Esprit Saint. Ne perdons pas les
occasions de grâce de la rencontre, de l’écoute réciproque, du discernement. Avec la joie de
savoir qu’alors que nous cherchons le Seigneur, c’est bien lui, le premier, qui se porte avec amour
à notre rencontre.
Rapport de la CIASE – le communiqué de Promesses d’Eglise
PROMESSES D’EGLISE S’ENGAGE
Communiqué de presse – 5 octobre 2021
Associations et mouvements membres de Promesses d’Eglise, nous recevons le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) avec infiniment de tristesse, en prenant la mesure de l’ampleur du phénomène. Notre première pensée va vers ces victimes qui ont osé témoigner et vers celles qui n’ont pas pu le faire. Nous sommes bouleversés par leurs souffrances et par le silence qui, trop longtemps, les a accompagnées.
La CIASE, dont nous saluons le travail exigeant et nécessaire, a choisi de mettre les victimes au centre de son action et au cœur du rapport rendu public le 5 octobre 2021. L’écoute des victimes fut la ligne directrice de la Commission ; elle donne à chacun de nous, à chacune de nos organisations, de nos communautés, le devoir de poursuivre ce travail d’écoute et de vigilance.
Notre collectif est né du drame des abus sexuels, des abus de conscience et des abus de pouvoir. En août 2018 le Pape François, dans sa Lettre au peuple de Dieu, invitait tous les baptisés à lutter contre un exercice déviant de l’autorité, le cléricalisme, qu’il jugeait à la racine de ces abus, et à œuvrer à la transformation sociale et ecclésiale dont le monde a tant besoin.
Nos organisations ont souhaité s’allier pour mieux y répondre. Elles s’efforcent de travailler à leur propre gouvernance et à l’exercice de l’autorité en leur sein, afin de mettre en commun leurs expériences dont d’autres dans l’Eglise pourront s’inspirer ; de la même façon, celles qui sont engagées auprès des enfants et des personnes vulnérables partagent leurs réflexions et les axes de prévention mis en place. Ce travail doit se poursuivre.
Le rapport de la CIASE n’est pas une fin en soi. Nous comprenons que, pour Jean-Marc Sauvé son président, le travail de la Commission est achevé et que c’est désormais à l’Eglise d’agir. Dans la ligne de notre réponse à la Lettre au Peuple de Dieu et riches des travaux que nous menons depuis deux ans, nous souhaitons prendre notre pleine – et humble – place dans cet indispensable travail de transformation ecclésiale. Nous le devons aux victimes. La préparation du synode sur la Synodalité est une occasion unique de cheminer ensemble pour faire de notre Eglise un lieu plus fraternel, plus sûr pour les plus fragiles d’entre nous, plus conforme à l’Evangile. Il nous faut la saisir.
Membres du Comité de Pilotage de Promesses d’Eglise
Apprentis d’Auteuil
Nicolas Truelle, directeur général,
Contact presse : Emilie Casin-Larretche emilie.casin-larretche@apprentis-auteuil.org
01 44 14 75 28 / 06 68 76 05 63
Associations Familiales Catholiques
Paul de Guigné
Contacts Presse : Claire Avalle c.avalle@afc-france.org 01 48 78 81 08 / 07 66 42 72 33
CCFD Terre Solidaire
Dominique Rouyer d.rouyer@ccfd-terresolidaire.org 06 14 73 90 26
Chemin Neuf
Pierre-Yves Denis pierre-yves.denis@chemin-neuf.org
Communauté Vie Chrétienne
Anne Fauquignon anne.eric.fauquignon@wanadoo.fr 06 67 71 34 63
Communauté de l’Emmanuel
Louis-Etienne de Labarthe ledelabarthe@emmanuelco.org 06 37 17 80 90
Délégation Catholique pour la Coopération
Guillaume Nicolas guillaume.nicolas@ladcc.org 06 73 88 46 56
Scouts et Guides de France
Agnès Cerbelaud presse@sgdf.fr
Secours Catholique
Vincent Destival vincent.destival@secours-catholique.org 06 68 22 80 35
Semaines Sociales de France
Dominique Quinio dominique.quinio@gmail.com
Monique Baujard mwbaujard@gmail.com 06 34 45 35 91
Listes des associations et mouvements membres :
Action Catholique des femmes (ACF)
Action Catholique des milieux Indépendants (ACI)
Action Catholique Ouvrière (ACO)
Apprentis d’Auteuil
Associations familiales catholiques (AFC)
CCFD-Terre Solidaire
Centres de préparation au mariage (CPM)
Chrétiens dans l’enseignement public (CDEP)
Communauté de l’Emmanuel
Communauté de Vie Chrétienne (CVX)
Communauté du Chemin Neuf
Conférence des Religieux et Religieuses en France (CORREF)
Délégation Catholique pour la Coopérationn (DCC)
Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC)
Fondacio
Foyers de Charité
Fraternité franciscaine Séculière
Instituts religieux et solidarité internationale (IRSI)
Jeunesse Etudiante Chrétienne (JEC)
Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC)
Les Poissons Roses
Mission de la mer
Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants (MCC)
Mouvement Chrétien des Retraités (MCR)
Mouvement Eucharistique des jeunes (MEJ)
Mouvement des Focolari
Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne (MRJC)
Office chrétien des personnes handicapées (OCH)
Pax Christi
Réparer l’Eglise 76
Réseau MAGIS
Réseau St Laurent
Scouts et Guides de France
Secours catholique
Secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC)
Semaines sociales de France (SSF)
Société Saint-Vincent de Paul (SSVP)
Veilleurs en Provence
Voir Ensemble
Promesses d’Eglise rencontre Nathalie Becquart et le cardinal Mario Grech
Le 10 septembre 2021, des membres du comité de pilotage et du groupe de travail sur la synodalité de Promesses d’Eglise ont rencontré, au Centre Sèvres à Paris, le cardinal Mario Grech et sr Nathalie Becquart, respectivement secrétaire général et secrétaire générale adjointe du synode des évêques. Une rencontre passionnante qui nous a tous donné envie de nous mobiliser pleinement pour ce synode !
Nathalie Becquart a présenté le document préparatoire du synode et le travail auquel il nous invite. L’interrogation fondamentale qui guide la consultation du Peuple de Dieu est : comment le « marcher ensemble » se réalise aujourd’hui dans nos lieux d’Eglise et à quel pas de plus l’Esprit Saint nous invite pour progresser sur ce chemin. Pour cela, nous sommes tous invitées à relire nos expériences d’Eglise locales, à travers les joies, les blessures, les difficultés et les intuitions qu’elles ont fait naître. Il s’agit ensuite de nous mettre ensemble à l’écoute de l’Esprit pour voir quels chemins s’ouvrent pour notre Eglise particulière, en envisageant à la fois le « marcher ensemble » entre catholiques ou entre chrétiens, mais aussi le « marcher ensemble » dans la société. Dix pôles thématiques permettent de guider et approfondir ce travail de relecture et d’écoute de l’Esprit. Ils n’ont pas besoin d’être travaillés tous, chacun travaille ceux qui lui semblent le plus pertinents là où il se trouve.
Le cardinal Grech a complété cet exposé en insistant sur le fait que le processus synodal est avant tout un exercice d’écoute. Il a indiqué qu’il n’était pas venu à cette rencontre pour enseigner mais pour apprendre. Avec ce synode sur la synodalité, le pape François souhaite que l’Eglise retrouve sa vraie nature, car comme le disait Saint Jean Chrysostome, Eglise et synode sont synonymes. Il s’agit d’accompagner le Peuple de Dieu pour qu’il redécouvre que les protagonistes de l’Eglise ce sont tous les baptisés, pas seulement les évêques et les prêtres. Ceux-ci font partie du Peuple de Dieu et sont au service de la communauté. Saint Augustin le résumait ainsi : pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien. C’est donc tout le Peuple de Dieu qui est sollicité aujourd’hui pour faire entendre sa voix.
Le cardinal Grech a ensuite expliqué les différentes phases de ce synode qui commence avec la consultation du Peuple de Dieu et se terminera par une restitution au Peuple de Dieu. Entretemps, les conférences épiscopales vont faire une synthèse des remontées de chaque pays, qui sera discutée au niveau continental en 2022, pour faire l’objet d’une réunion du synode des évêques à Rome en 2023. Le pape écrira ensuite un texte pour partager les fruits de cette démarche avec tout le Peuple de Dieu.
Cette première phase d’écoute du Peuple de Dieu revêt une importance capitale aux yeux du cardinal Grech. C’est elle qui va conditionnée tout le travail du synode. Notre écoute doit donc se faire à une très large échelle. Il s’agit bien sûr d’écouter celles et ceux qui ne s’expriment pas ou ne se sentent pas accueillis dans l’Eglise. Mais au-delà, le cardinal nous a invité de ne pas seulement écouter des catholiques, mais aussi d’autres chrétiens, d’autres croyants ou non-croyants. Le document préparatoire reprend le passage biblique qui relate la rencontre entre Pierre et Corneille. C’est une double dynamique de conversion qui est à l’œuvre. Aucune voix n’est donc à négliger.
Lors de cette rencontre le cardinal Grech nous a clairement demandé notre aide. Le pape François et le secrétariat du synode ont besoin que le maximum de personnes travaille ce document préparatoire et fasse entendre leur voix. Non pour dire leur opinion, mais pour relire leurs expériences et retraduire ce que l’Esprit leur dit. Les résultats de cette première phase d’écoute formeront les fondations du travail synodal. Promesses d’Eglise indiquera prochainement sur ce site comment nous allons organiser notre participation au synode.
Ensemble pour le Synode

Dominique Quinio, ancienne directrice du journal la Croix est présidente des Semaines Sociales de France, membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé et membre de Promesses d’Eglise (animation du groupe de travail “périphéries, comité de pilotage et de rédaction du site)
Vous pouvez lire le document préparatoire en suivant ce lien sur le site du Vatican
ENSEMBLE POUR LE SYNODE
Le 17 octobre s’ouvrira dans tous les diocèses du monde la première phase du Synode sur la synodalité dans l’Eglise, ardemment souhaité par le pape François et solennellement lancé à Rome les 9 et 10 octobre. Le processus de consultation des catholiques du monde entier s’achèvera en 2023. Cette démarche vise à appeler tous les baptisés à « marcher ensemble » pour, à l’écoute de l’Esprit saint, réfléchir à « la nature de l’Eglise, à sa forme, son objet, sa mission », en s’appuyant sur « le plus grand manuel d’ecclésiologie que sont les Actes des Apôtres », a redit le pape le 18 septembre dernier devant les fidèles de Rome. « Personne ne peut être un simple figurant. Nous sommes tous l’Eglise, a-t-il insisté, tous ensemble. »
Le document préparatoire envoyé aux conférences épiscopales explicite cette ambition de mettre en œuvre un « dynamisme d’écoute mutuelle », articulé autour de trois mots : communion, participation et mission. Avant de penser à l’élaboration du document final de 2023, envisageant les pistes possibles pour rendre notre Eglise toujours plus synodale, nous sommes invités à vivre cette écoute mutuelle et à participer à ce travail commun. Dans les diocèses d’abord : c’est ce qu’ont demandé les évêques, par la voix de Mgr Blanchet et Mgr Fonlupt, aux membres de Promesses d’Eglise. Il nous faut inviter chacun des membres de nos associations et mouvements à rejoindre la réflexion diocésaine. Mais les évêques souhaitent également que Promesses d’Eglise, en tant que telle, apporte – au même titre qu’un diocèse – sa propre contribution, à la fin du mois de février 2022.
Nous avons accepté cette invitation, honorés de la confiance qui nous est ainsi faite. A charge pour nous de nous appuyer sur les remontées de tous les mouvements -membres et sur le travail des ateliers mis en place depuis plusieurs mois. Les différentes thématiques peuvent se retrouver dans les dix pistes de travail que le document préparatoire invite à approfondir par une série de questions concrètes.
Le délai sera court pour mener à bien cette aventure, pour aller plus loin que l’expérience qui nous rassemble depuis trois ans et qui se veut synodale, puisque, forts de la diversité de nos appartenances et de nos engagements, nous essayons de « marcher ensemble » : nous voulions répondre à l’appel du Pape au Peuple de Dieu, lancé en août 2018, afin de lutter contre le cléricalisme, une forme déviante d’exercice de l’autorité qui nous guette tous et qui, selon François, se trouve à la racine de des actes de pédocriminalité, des abus de conscience et de pouvoir qui défigurent le visage de l’Eglise. Une étape nouvelle nous attend. Nous nous y engageons ensemble avec force et humilité.
Entretien avec Véronique Fayet
Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique ( membre de Promesses d’église ) répond à nos questions sur cet engagement

Vous trouverez ci-dessous la vidéo de l’entretien de Mme Véronique Fayet
Interview du cardinal De Kesel

Vous trouverez ci-contre le texte de l’entretien accordé par le cardinal Joseph de Kesel à Monique Baujard, à l’occasion de la publication de son livre :
« Foi & Religion dans une société moderne », aux Editions Salvator
Interview avec le cardinal Joseph De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles
« Rien ne dit que l’Evangile a besoin d’une culture religieuse pour atteindre les personnes »
Le cardinal Joseph De Kesel vient de publier « Foi & Religion dans une société moderne », aux Editions Salvator. Dans ce livre, il offre une analyse stimulante des changements que nous vivons. Monique Baujard l’a interviewé pour Promesses d’Eglise. Un entretien plus développé paraîtra dans la revue Etudes à la rentrée.
M.B. : La première chose qui frappe, en lisant votre livre, est la sérénité avec laquelle vous regardez le monde. Vous dites que nous sortons d’une culture religieuse mais que cela ne signifie pas la fin du christianisme. Pouvez-vous nous expliquer cela ?
Cardinal De Kesel : Dans une culture religieuse, la religion forme le cadre de référence pour la vie en société. Nous avons connu cela pendant des siècles. La culture chrétienne imprégnait toute la vie personnelle et collective, indépendamment des convictions personnelles des uns et des autres. Il en va encore ainsi aujourd’hui dans certains pays musulmans. Mais l’Europe a connu depuis plusieurs siècles un mouvement d’émancipation. C’est un mouvement lent, qui vient du siècle des Lumières, et qui fait qu’aujourd’hui nous nous trouvons dans une société sécularisée. Cette société permet un pluralisme social et religieux qui ne pouvait exister avant. Dans une culture religieuse, il n’y a pas de place pour la dissidence. Je ne fais pas l’éloge de la sécularisation, c’est un état de fait, que nous pouvons accepter de bon cœur mais sans naïveté. Le risque est en effet le sécularisme, qui renvoie la religion dans la sphère privée, ce qui n’est pas acceptable. En fait, la société sécularisée offre la possibilité de vivre ensemble dans le respect de nos différences. Lorsque nos sociétés étaient de culture chrétienne, c’était certes une situation plus confortable pour l’Eglise, mais rien ne dit que l’Evangile a besoin d’une culture religieuse pour atteindre les personnes. Aujourd’hui, être chrétien relève d’un choix personnel et c’est bien comme cela que nous concevons la foi, comme la réponse libre de l’être humain à la sollicitation de Dieu. Sur ce point essentiel, modernité et foi chrétienne ne se contredisent donc pas. La liberté est le maître mot de la société sécularisée et c’est sa grandeur. Encore faut-il savoir comment user de cette liberté et c’est sur ce terrain que les religions auront toujours un rôle important à jouer.
M.B. : Quels rôles la foi et l’Eglise peuvent alors jouer dans cette société sécularisée ?
Cardinal De Kesel : La liberté est la grandeur mais aussi la limite de notre société, qui met l’accent sur l’épanouissement personnel et le progrès sans définir ces notions. Si chacun poursuit son épanouissement personnel sans jamais se soucier des autres, nous aboutissons à une liberté sans fraternité. Ce que le pape François dénonce comme « la globalisation de l’indifférence ». Devant cette liberté, chacun est amené à se poser la question de ce qu’il souhaite faire de sa vie, comment y donner sens. Dans une culture religieuse, les repères sont donnés pour tous par la religion dominante. Dans une société sécularisée, différentes religions ou philosophies peuvent offrir les moyens pour s’orienter. Pour nous ce sera l’Evangile, mais tous ne feront pas ce choix. L’Evangile invite à prendre en considération les relations avec les autres et à s’engager dans la vie, aussi bien dans la vie personnelle que professionnelle. Mais qui dit engagement dit aussi limitation de la liberté. C’est là le point critique. La société peut faire miroiter une liberté absolue mais celle-ci n’existe pas. C’est à travers mes engagements que je donne sens à ma vie. Ce sont aussi les engagements qui construisent la société. Un chrétien est également un citoyen, il ne s’agit pas de les séparer. L’Evangile m’aide à devenir un citoyen responsable et fraternel. Ce qui va orienter ma liberté et lui donner sens, c’est la fraternité que l’Evangile m’enseigne. La foi chrétienne n’est donc pas du tout vouée à disparaître, bien au contraire ! Elle sera pour beaucoup de personnes la boussole indispensable pour trouver leur chemin. Mais elle ne sera plus la référence exclusive pour tous. Bien sûr, cela a des conséquences pour l’Eglise en termes d’organisation et de fonctionnement.
M.B. : Justement, vous dites que l’Eglise va changer mais aussi qu’elle apprend de la société ?
Cardinal De Kesel : Le christianisme est une religion historique, l’Eglise ne peut se définir sans le monde. Elle n’est pas une société parfaite, à part. Il n’y a qu’un monde et l’Esprit y est à l’œuvre, y compris en dehors de l’Eglise. Dieu ne vise pas uniquement l’Eglise, il veut sauver le monde. L’Eglise doit être signe de ce salut. Aujourd’hui une figure historique du christianisme disparaît, mais l’Eglise est toujours appelée à être signe de salut pour tous. L’Eglise apprend de la société car c’est dans la rencontre authentique avec l’autre qu’il devient possible de mesurer ce que l’Evangile nous demande. C’est aussi la société moderne qui nous a appris la liberté religieuse. Elle n’allait pas de soi pour l’Eglise catholique. Dans le contexte actuel, elle doit accepter qu’il puisse y avoir des degrés d’appartenance variés à l’Eglise et accueillir toutes les personnes qui s’adressent à elle, même ponctuellement. Tous doivent se sentir les bienvenus. Il s’agit d’écouter, partager, témoigner. Finalement, il n’y a que l’amitié qui évangélise. Bien évidemment, la figure de l’Eglise va changer. Elle sera plus humble. Elle a toute sa place dans la société, mais seulement la place qui lui revient, acceptant que Dieu fera le reste. Elle sera aussi plus confessante, c’est-à-dire plus consciente de son identité et de sa particularité. Cela ne veut pas dire identitaire, il ne s’agit pas d’un repli sur soi, au contraire, l’Eglise devra être plus ouverte, accueillant largement. Pour autant, il ne s’agit pas non plus de suivre la société ou de s’aligner sur elle. Cette identité particulière, c’est l’Evangile qui la lui donne et c’est le message qu’elle a à proposer, non à imposer. L’Eglise sera plus petite, le nombre de catholiques sera réduit. Mais comme l’a dit le pape François, le problème n’est pas d’être moins nombreux, le problème serait de devenir insignifiant. Une Eglise plus petite, plus humble, mais aussi plus confessante et plus ouverte, peut être signe de salut pour tous, j’en suis convaincu.
M.B. : Vous avez écrit ce livre pendant la pandémie et alors que vous-même vous vous battiez contre un cancer. D’où tenez-vous cet optimisme ?
Cardinal De Kesel : Je ne parlerais pas d’optimisme mais de confiance. Oui, j’ai vécue cette période difficile dans la confiance. Mais cela ne se décide pas, la confiance, on la reçoit. Dans cette crise, j’ai vu beaucoup de réactions très sécularisées : les diverses mesures sanitaires ont été interprétées comme autant d’atteintes à nos droits et nos libertés et chacun voulait revenir au plus vite à la situation antérieure. Il me semble que nous pouvons aussi vivre cette crise comme une épreuve spirituelle à traverser. De même que ma maladie m’a mis devant ma fragilité, de même la pandémie nous a tous mis devant notre fragilité personnelle et collective. La crise nous oblige ainsi à apprendre à vivre avec nos fragilités, à vivre avec nos limites. Elle nous enseigne que notre liberté a des limites, qu’il n’existe pas de liberté absolue. Cela m’a fait penser au livre de l’Exode, où Dieu fait faire un détour au peuple juif. Quand Dieu nous fait faire un détour, c’est qu’il veut nous apprendre quelque chose, quelque chose d’essentiel que nous risquons sinon d’oublier. Lorsque l’on accepte l’épreuve et le détour, alors il n’est plus question de revenir à la situation d’avant, car nous sortons changés de la crise. Personnellement j’ai trouvé beaucoup de soutien dans les Psaumes de la prière des heures. Bien sûr, je les connaissais tous depuis longtemps, mais c’est comme si les cris et les angoisses qui s’y expriment, devenaient les miens. Je ne les prie plus de la même façon, l’épreuve de la maladie m’a changé. Collectivement, l’épreuve peut aussi nous changer. Accepter de vivre avec nos fragilités peut ouvrir nos yeux sur les fragilités de tant de personnes autour de nous qui peinent dans la vie. Ainsi, si nous acceptons de faire le détour auquel Dieu nous invite, une société plus fraternelle pourrait voir le jour.