Recension parue dans la revue Etudes

Céline Hoyeau

La trahison des pères

Emprise et abus des fondateurs de communautés nouvelles

Bayard, 2021, 280 pages, 19,90 €.

L’objet de ce livre est mentionné sur la page de garde en sous-titre: « Emprise et abus des fondateurs de communautés nouvelles ». Il est le fruit d’une enquête démarrée en octobre 2019, mais dont les origines vont beaucoup plus loin puisque Céline Hoyeau a fait partie de ces mouvements de jeunes qui vivaient l’aventure de la mission dans les années 2000, à l’initiative de Jean Paul II et de multiples fondateurs. L’auteure est croyante, proche de ces mouvements de renouveau mais, en même temps, « meurtrie par toutes ces affaires ». Utilisant de multiples interviews de témoins et de spécialistes, la journaliste de La Croix analyse les dérives spirituelles et sexuelles d’une quinzaine de fondateurs de communautés dans le cadre français et s’interroge. Dans une période de grandes mutations et d’incertitude de l’Église, des esprits inspirés ont pu drainer de nombreux adeptes impressionnés, voire aveuglés, par des charismes qui semblaient promettre un nouveau printemps de la foi. La hiérarchie ecclésiale, souvent divisée et hésitante, n’a pas su gérer cette foison de nouveautés, aveuglée par les fruits apparemment si remarquables. Au fil des pages, l’auteure examine de nombreux cas concrets, Jean Vanier, le frère Éphraïm (Gérard Croissant), Thierry de Roucy et spécialement les frères Thomas et Marie-Dominique Philippe, sur lesquels elle apporte de précieuses informations historiques et théologiques.

Pierre de Charentenay