Promesses d'Eglise

Suite au rapport de la CIASE,
Constats et propositions de Promesses d’Eglise

Assemblée plénière des évêques de France, Lourdes, novembre 2021



Nous sommes une trentaine de présents de Promesses d’Eglise (PE). Voici notre prise de parole  prévue ce matin, dans le temps de restitution des groupes de travail.

Vous le savez, Promesses d’Eglise (PE) réunit une quarantaine d’organisations diverses par  leurs sensibilités, leurs spiritualités, leurs vocations, leurs pratiques, leurs gouvernances. Notre  intuition commune était d’entrer résolument en conversation les uns avec les autres pour nous  enrichir, pour participer à la transformation ecclésiale à laquelle nous appelle le pape François.

Depuis hier de nombreux membres de PE sont présents avec vous, certains sont là depuis le  début de la semaine. 
Nous pouvons témoigner de ce qui a été vécu alors que nous avions des attentes fortes.

Une des choses qui nous marque le plus, c’est la présence, au cœur de nos  échanges, des vulnérabilités : celles des victimes, des pauvres, de la terre, du Peuple de  Dieu en général. Nous sommes convaincus que l’Eglise doit se définir à partir de ces fragilités. 
Les temps qui nous ont semblé les plus fructueux sont ceux durant lesquels nous  avons eu l’occasion d’échanger, de nous confier les uns les autres quels que soient nos  états de vie, nos responsabilités. Cette expérience de fraternité est un préalable indispensable  à une vraie collaboration pour les temps à venir. Nous comprenons mieux votre charge  épiscopale, notamment les responsabilités que vous endossez dans vos diocèses et en en  collège.


Quelques frustrations demeurent encore : nous avons manqué de temps spécifiques  pour travailler avec vous les évêques et aller plus en profondeur.

Manqué de temps pour un travail avec vous… mais aussi un travail entre nous, tous, les invités.  Jusqu’à hier soir il nous a été difficile de nous rencontrer. L’expérience du “sensus fidei”  demande plus de temps, des espaces d’écoute plus nombreux. 
Votre déclaration sur la responsabilité de l’institution ecclésiale a constitué hier  une étape décisive et nous a réjoui. En tant que responsables d’organisations en Eglise,  et considérant le nombre, les victimes d’abus commis par des laïcs, nous assumons nos propres  responsabilités.

Pour continuer le chemin ensemble, dans le même esprit, nous proposons quelques  pistes d’action pour les semaines, les mois, les années à venir.

Nous saluons le pas très significatif que constitue la reconnaissance de  responsabilité de l’institution ecclésiale, de la dimension systémique des violences et du devoir de justice. Nous avons expérimenté très positivement l’échange direct avec  vous sur la réception du rapport de la CIASE. Nous nous posons maintenant la question de la  manière de réaliser le travail immense qui est devant vous, devant nous. Nous avons  entendu que vous souhaitiez que nous apportions notre contribution à ce travail.  Nous le ferons à la mesure de nos moyens humains et de nos compétences.


a. Vous allez sans doute lancer des groupes de travail spécialisés qui feront des  recommandations aux assemblées plénières à venir. Nous souhaitons que
ces groupes soient ouverts le plus largement possible en faisant appel  aux compétences et à l’expérience des différentes structures ecclésiales et, bien  sûr, en associant les victimes.


b. Nous soulignons la nécessité d’un comité de suivi indépendant de la mise  en œuvre des recommandations de la CIASE. La crédibilité de l’ensemble du
processus en dépend. L’institution ne peut pas être juge et partie.

c. Nous pensons que les travaux doivent aussi porter plus largement sur la prévention des abus sur toute personne et de toute nature


d. Tout cela doit s’inscrire dans une feuille de route assurant que les décisions urgentes seront prises rapidement et que le temps sera donné aux réformes en profondeur. Nous souhaitons une réunion de travail prochaine  pour préparer avec vous cette feuille de route.


e. Nous pensons que tout ce travail peut constituer une importante expérience de synodalité pour l’Eglise qui est en France.



Le pape François convoque toute l’Eglise en synode. Dès aujourd’hui, nous appelons  de nos vœux la réussite de ce synode. Cela signifie que dans l’ensemble de l’Eglise de France,  dans les diocèses, dans toutes les paroisses et tous les mouvements, les catholiques doivent  pouvoir participer à ce processus en se retrouvant et travaillant à partir du document  préparatoire. 
Devant la crise de crédibilité actuelle, le suivi des recommandations de la CIASE et le Synode
créent les conditions favorables pour entrer dans une nouvelle manière de faire Eglise. 
Nous devons prendre l’habitude de travailler ensemble : certains parmi nous  demandent la création d’une instance de travail qui se réunit régulièrement. D’autres  proposent la tenue d’un Synode national. L’un n’est pas exclusif de l’autre.  Cela permettrait de collaborer avec l’ensemble du collège épiscopal. Nos mouvements et  associations ont une longue expérience dans leur domaine spécifique. Ils ont des  méthodologies et des procédures qui méritent d’être partagées et intégrées à tous les niveaux  de l’Eglise.
Associer Promesses d’Eglise à un tel défi aidera l’institution à retrouver sa crédibilité pour mieux témoigner de l’Evangile.