Recension parue dans la revue Etudes

Kahina Bahloul, Floriane Chinsky, Emmanuelle Seyboldt

Des femmes et des dieux

Les Arènes, 2021, 256 pages, 19,90 €.

Kahina Bahloul, imame, Floriane Chinsky, rabbine, et Emmanuelle Seyboldt, pasteure, abordent les sujets qui leur tiennent à cœur dans leur tradition religieuse : le patriarcat, le féminisme, le corps de la femme ou l’étude des textes. Elles échangent avec la volonté de mieux se connaître, se comprendre et aussi afin de se soutenir. La question du ministère féminin est au centre de leur débat. La rabbine et la pasteure sont toutes les deux ministres de leur culte alors que, dans l’islam, la place de l’imame n’existe pas, le clergé étant uniquement masculin. Floriane Chinsky a étudié à Jérusalem pour asseoir son autorité alors qu’Emmanuelle Seyboldt est la première femme à diriger une importante Église chrétienne française, soixante ans après que les femmes ont pu accéder au ministère pastoral. Un chapitre est consacré à l’importance pour les auteures de l’approche historico-critique des textes, ou comment chacune fait la part entre ce qui est de l’ordre du divin et ce qui appartient à l’Histoire et à la culture. Selon elles, cette méthode permet d’éviter la lecture littéraliste et superficielle des textes sur laquelle s’appuient les mouvements fondamentalistes. La fraîcheur de certains échanges permet aux auteures d’aborder des questions délicates comme lorsque l’imame interpelle la rabbine et la pasteure (p. 70) : « C’est bizarre, vous parlez beaucoup de Dieu, mais vous dites : on n’y croit pas. » Ainsi, elles témoignent qu’il n’y a aucun danger à questionner l’autre dans sa foi et à exposer ses convictions dans le but de rendre accessible un enseignement incarné, renouvelé et critique.

Linda Caille