François Euvé

Quel avenir pour le christianisme ?

Salvator, 2023, 206 pages, 20 €.

recenion parue dans Études

Dans cet ouvrage, François Euvé rassemble, dans l’expression catholique contemporaine, ce qui contribue au « discernement commun ». « Esquisse de réflexions », précise-t-il, appuyées sur les pensées pionnières de Michel de Certeau, Jean-Marc Ferry, Danièle Hervieu-Léger, Anne-Marie Pelletier ou encore Christoph Theobald. Après un diagnostic des points sensibles du temps auxquelles peuvent contribuer les « lumières » du christianisme et de sa tradition, est faite une relecture de l’histoire de l’Église dans laquelle le concile Vatican II marque un changement d’esprit décisif : l’Église se fait « conversation » et entre en dialogue avec le monde, permettant que se reconstruise, dans un monde sécularisé, une éthique chrétienne relationnelle où l’autonomie subjective est reconnue. Sans aborder « directement la question de la réforme de l’Église », l’auteur pointe cependant la question majeure de la hiérarchie des sacerdoces. Il rappelle qu’« à partir d’une situation [aux origines du christianisme] où prédominait le registre égalitaire de la fraternité » s’est élaborée une distinction entre clercs et laïcs. Vatican II ressaisit cette distinction et, à côté du « sacerdoce commun » des fidèles, singularise « le sacerdoce ministériel ou hiérarchique ». La réintégration du second dans le premier, avec les transformations profondes qu’elle induirait, n’est-elle pas une hypothèse à considérer ? On peut penser que « l’avenir du christianisme » exige prioritairement une réforme ecclésiale, car comment le monde et la société pourraient-ils compter sur l’Église si celle-ci n’offre pas l’exemple d’une communauté croyante qui « parle » à tous et qui se soucie de parer à ses criminelles déviances ? Pourtant, à considérer le moment présent, n’est-il pas à redouter que ce christianisme d’ouverture, si clairement brossé par François Euvé, soit déjà menacé par des courants contraires ?

Gildas Labey