Suite aux révélations concernant Mgr Santier, des membres de Promesses d’Eglise ont publié une tribune dans le journal La Croix. Le temps a manqué pour solliciter toutes les organisations membres avant la parution. Chaque membre de PE peut faire connaître son soutien à ce texte par la page de contact du site. Vous trouverez en dessous des signataires la liste des membres qui ont approuvé la tribune après sa parution. 

Signataires : Anne-Claire Bellay et Agnès Cerbelaud (Scouts et Guides de France), Dominique Rouyer et Bertrand Gournay (CCFD-Terre solidaire), Hervé Perrot (Secours catholique), Marie-Christine Rozier et Pascale Beaude (CVX), Amaury de Cherisey et Nicolas Truelle (Apprentis d’Auteuil), Dominique Quinio et Bernard Chenevez (Semaines sociales de France), Monique Baujard (Les amis de « La Vie »), membres de Promesses d’Église

 

En novembre 2021, plusieurs membres de Promesses d’Église étaient invités à l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes. Un an après nous découvrons l’affaire qui concerne Mgr Santier. Après le rapport de la Ciase et les cérémonies pénitentielles et mémorielles qui avaient eu lieu à Lourdes, ainsi que les engagements qui y avaient été pris, nous recevons cette affaire avec tristesse, colère et lassitude. Certains la reçoivent comme une trahison et en appellent même à des démissions.

Si ce dossier soulève tant de colère et d’indignation parmi les catholiques, c’est d’abord à cause de la gravité des faits qui impliquent un dévoiement du sacrement de réconciliation. C’est ensuite et surtout en raison du silence qui a entouré les véritables raisons du départ anticipé de l’ancien évêque de Créteil. Un silence, dont il n’est même pas sûr qu’il ait été délibérément choisi par ceux qui étaient informés, mais qui a pu s’imposer comme une règle non écrite alors même que les évêques se sont engagés à faire toute la lumière sur les affaires d’abus.

Les victimes n’ont pas la première place

Une fois encore les victimes n’ont pas la première place dans l’Église. Car c’est d’abord pour elles que le silence est mortifère. Il n’est déjà pas facile de dénoncer les agissements d’un prêtre, c’est encore plus difficile de venir accuser un évêque ou un cardinal. Chaque fois, la publication d’une condamnation ou du lancement d’une enquête donne la force à d’autres victimes de venir témoigner. Cela s’est encore vérifié dans cette affaire où les victimes étaient majeures au moment des faits. Or nous constatons que les victimes majeures ont beaucoup de mal à se faire entendre et que leur souffrance n’est pas prise au sérieux.

Quelles qu’en soient les raisons, aujourd’hui, c’est ce silence et le mensonge qui font scandale. Comment avancer maintenant, alors que la confiance est mise à mal ? Comment sortir d’un réflexe où le silence s’impose, sauf exception, pour passer à une Église où la parole s’impose, sauf exception ? Dans sa Lettre au peuple de Dieu d’août 2018, le pape François demande non seulement à tout baptisé de se sentir « engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin », mais affirme également : « Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. » Cette participation est une priorité urgente. Et c’est exactement le sens de la synodalité que le pape François appelle instamment en initiant le Synode sur la synodalité.

Une réforme trop lointaine

Dans le cadre de la première phase du synode, de nombreuses suggestions ont été faites pour favoriser la coresponsabilité entre clercs et laïcs dans l’Église. Il a été relevé que les instances d’écoute et de dialogue font grandement défaut, de sorte qu’il n’y a pas de lieux qui permettent d’accueillir une pluralité de regards pour discerner ensemble. Cette ouverture à une pluralité de regards est exigeante, Promesses d’Église en fait couramment l’expérience, y compris dans l’élaboration de cette tribune qui a suscité débats et controverses. Mais nous témoignons qu’elle est moins un obstacle qu’une richesse, une liberté, et qu’elle favorise la crédibilité.

Aujourd’hui en France, alors que de telles circonstances vont sans doute, hélas, se reproduire, il n’est pas possible d’attendre la fin du Synode de la synodalité en 2024 ou une lointaine réforme du droit canonique pour agir. Nous avons besoin d’aller plus vite et plus loin.

Transformation

Les mouvements de Promesses d’Église sont eux-mêmes engagés dans cette transformation comme nous l’avons indiqué dans notre contribution synodale. Parmi nos propositions figurent notamment celles d’élaborer la parole publique de l’Église de façon synodale et polyphonique et de mettre en place, au niveau national, un cadre pour un dialogue et un travail permanent entre la Conférence des évêques (CEF), la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) et une représentation des laïcs.

Il faut que ces propositions soient entendues et prises au sérieux. Aussi nous demandons aux évêques de reconnaître le besoin d’un changement en profondeur de la gouvernance de l’institution en mettant en place un dialogue constructif avec l’ensemble des composantes du peuple de Dieu pour redonner des signes tangibles d’une volonté de « marcher ensemble ».