Le pape François est mort, vive l’Eglise synodale !
Le pape François vient de nous quitter. Promesses d’Eglise lui doit son existence et tient à lui rendre hommage. C’est son appel audacieux, pressant l’ensemble des fidèles à voler au secours de l’Eglise, qui a provoqué l’étincelle permettant de réunir des mouvements et associations catholiques très divers dans notre collectif.
Cet appel figure dans La Lettre au Peuple de Dieu d’août 2018. Pour la première fois, le pape y fait le lien entre abus sexuels, abus de pouvoir et abus de conscience. Il reconnait ainsi que les violences sexuelles commises dans l’Eglise ne sont pas juste des actes isolés commis par quelques brebis galeuses, mais sont toujours liées à l’exercice du pouvoir dans l’Eglise. Il en dénonce la cause, le cléricalisme, qui est « une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise » et qui se joue dans la relation entre clercs et laïcs. D’où son appel pour que chaque baptisé s’engage « dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin ». Pour changer ces relations, il a besoin de l’implication de tous les protagonistes.
C’est avec la synodalité que le pape François va chercher à redessiner les relations au sein de l’Eglise. Une Eglise synodale est pour lui une Eglise de l’écoute, où chacun a à apprendre de l’autre et où tous se mettent à l’écoute de l’Esprit Saint ; et une Eglise du service, où personne ne situe au-dessus de l’autre. Pour le faire comprendre il n’a pas hésité à bousculer les habitudes et les méthodes comme l’a montré le synode sur la synodalité : discussion en tables rondes, conversation spirituelle, etc. Le document final du synode donne des pistes concrètes pour transformer l’Eglise en un lieu sûr pour tous, un lieu d’écoute et de service, à la suite du Christ.
Le changement fondamental engagé par le pape François n’a pas toujours été bien compris. Jamais auparavant un pape n’avait explicitement invité les laïcs à s’occuper de l’Eglise. Celle-ci était le domaine réservé des évêques et des prêtres, les laïcs y étaient objet de soin pastoral mais jamais sujets acteurs. Jamais auparavant un pape n’avait poussé à ce point l’institution ecclésiale à examiner son rapport au pouvoir et les modalités de son exercice. En arrière-fond, joue une autre approche de la foi. Celle-ci ne se réduit plus à un savoir, un enseignement, détenu par les uns et transmis de haut en bas à d’autres. Avec la synodalité, l’Eglise revient à la foi comme relation personnelle et vivante avec le Christ, ce dont chacun peut témoigner. Et en cela, l’Eglise synodale est aussi mieux adaptée à notre époque où le christianisme devient minoritaire et où chaque chrétien est appelé à témoigner de sa foi.
Promesses d’Eglise s’est très activement impliqué dans le synode en contribuant aux étapes de 2022 et de 2024. Certains de nos membres ont des expériences significatives en matière d’écoute des plus pauvres ou des exclus, de service envers des populations fragiles ( arbre de la synodalité), de la lutte contre les violences sexuelles, ou encore de la conversation spirituelle et de l’accompagnement spirituel. Ensemble, nous réunissons une volonté et des compétences pour travailler à la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tous besoin. Cette transformation ne pourra advenir que si évêques, prêtres et laïcs collaborent pleinement.
Au moment où le pape François, artisan infatigable de cette Eglise synodale nous quitte, nous appelons de nos vœux un sursaut dans la réception du synode en France. Quel meilleur moyen pour lui rendre hommage que de poursuivre le chemin qu’il a ouvert ?
Pour Promesses d’Église
Monique Baujard
21 avril 2025
