La formation des prêtres

Entretien avec Mgr de Moulins-Beaufort

« Il me semble bon de regarder le Peuple de Dieu comme un Peuple qualifié »

Entretien avec Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France.

Propos recueillis par Dominique Quinio

La réflexion sur la synodalité a marqué les dernières années du pontificat du pape François. Quelle serait, pour vous, la définition d’une Eglise synodale ?

Si je comprends bien ce que signifie la synodalité, une Eglise synodale devrait être l’Eglise tout court. Le mot synodalité met en lumière une dimension constitutive de l’Eglise : le don de l’Esprit-Saint aux baptisés et confirmés ; selon la prophétie de Joël, l’Esprit est donné à tous, « y compris aux vieillards et aux enfants ». Pour connaître la volonté de Dieu, il est besoin de la chercher tous ensemble, de faire concourir tous les statuts, tous les états de vie, tous les âges, selon les circonstances de l’histoire.

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Le MCC change de nom

Au terme d’une démarche qui a engagé l’ensemble de ses membres, le MCC (Mouvement Chrétien des Cadres et Dirigeants) vient de changer de nom : bienvenue à Eccleria

Le MCC est membre du collectif depuis les débuts.

Écoutons ce que nous en dise les responsables nationaux Claire et Jean-Baptiste Salles

“Pourquoi ce nouveau nom, Eccleria ?

🗣 Claire Salles :
Parce que notre monde a changé, et que notre manière d’exprimer notre proposition devait évoluer aussi. Eccleria évoque la lumière, l’éclairage, le discernement. C’est ce que vivent nos membres : à travers le partage d’expériences, l’écoute mutuelle et la prière, ils cherchent à éclairer leurs choix professionnels à la lumière de l’Évangile.

✨ “Eccleria, c’est la lumière partagée : celle qu’on reçoit, celle qu’on donne, celle qu’on cherche ensemble.”

Mais pourquoi changer un nom historique comme “MCC” ?

🗣 Jean-Baptiste Salles :
Le MCC a une longue et belle histoire. Mais le monde du travail a changé et les hiérarchies d’hier ont laissé la place à des organisations plus souples, transversales, où l’influence prime sur le statut. Le mot cadre ne reflète plus la réalité du monde professionnel actuel, ni celle de nos membres. Avec le nom Eccleria, nous ne désignons plus un statut, nous exprimons une promesse. Ce nouveau nom ouvre une porte plus large, plus accueillante, sans perdre notre exigence. Nous restons fidèles à nos racines, mais devenons plus lisibles pour les générations nouvelles.

🔎 “Changer de nom, ce n’est pas effacer : c’est rendre notre message plus clair, plus audible.”

Nous vous invitons à lire l’ensemble de cet entretien sur le nouveau site en suivant ce lien

 

Lisez aussi ce que nos partenaires en disent :

La Croix

La Vie

 

 

Lire le témoignage d’une victime d’abus dans l’Eglise

Comment aider les victimes d’abus dans l’Église ? La réponse est loin d’être simple, tant la souffrance est immense et peut détruire jusqu’à la confiance la plus élémentaire dans la vie. L’accompagnement des victimes relève de la responsabilité des communautés chrétiennes. Non pas pour le soin spécialisé qui revient au corps médical, mais pour l’accompagnement humain, la reconnaissance, le soutien, la bienveillance, les gestes fraternels du quotidien.

Alors que les évêques vont prochainement examiner les suites du rapport de la CIASE, nous publions le témoignage d’une victime qui s’est adressée à Promesses d’Église et qui souffre justement de ce manque de reconnaissance et de soutien, qui se sent ignorée des catholiques de son diocèse. Elle met en garde contre la volonté de certains dans l’Église de trop vite tourner la page et nous adresse une demande pressante de ne pas laisser les victimes sur le bord du chemin. Une demande qui s’adresse à chacun d’entre nous.

Promesses d’Église s’est constitué suite à la Lettre au Peuple de Dieu du pape François d’août 2018, écrit dans le contexte du scandale des abus sexuels. La prévention des abus et le soutien des victimes restent au cœur de nos préoccupations.

 

Un diocèse propose, pour la journée de mémoire des victimes d’abus dans l’Église, le témoignage d’une ancienne victime sur la résilience. L’affiche qui annonce cet événement s’appuie sur la crédibilité de la CIASE.

Dans un premier temps, l’on pourrait se réjouir que ce diocèse continue son combat contre les abus. Mais si, concrètement, ce combat se résume à une journée de mémoire par an, c’est déjà un premier problème. Si ensuite cette journée, résumée à deux heures ou peut-être trois (une messe et un témoignage) ne fait qu’évoquer la résilience, nous sommes clairement devant un dysfonctionnement. Si en plus, il est fait référence à la CIASE pour crédibiliser la démarche sans assumer le rapport de la CIASE1, il y a perversion.

Le terme de « résilience » a été popularisé par Boris Cyrulnik, enfant juif caché pendant la deuxième guerre mondiale et dont les parents sont morts dans les camps de concentration. Il parle de SON chemin qui est loin d’être celui de tous les rescapés de la Shoah (ce qu’il dit lui-même). Le terme a été repris de façon tordue par la mouvance de développement personnel comme une nouvelle injonction au bonheur. Or, tout le monde n’est pas résilient. La résilience dépend du chemin de chacun, de son histoire, de son caractère, et de bien d’autres paramètres bien plus complexes.

Malheureusement, si l’Église se met à son tour à pervertir ce mot, comme elle l’a fait pour d’autres (pardon, miséricorde, amour…), alors ce n’est plus une journée ou quelques heures pour les victimes, mais bien contre elles. C’est une manière pour les chrétiens de se dédouaner encore une fois de leur responsabilité, de leur inaction, de leur refus de regarder la réalité en face. C’est une façon de dédramatiser les faits et de minimiser la destruction des personnes. C’est une manière perverse de culpabiliser les victimes qui n’y arrivent pas, de les enterrer vivantes dans le jugement des bien-pensants, qui croient savoir alors qu’ils ne l’ont pas vécu.

Relisons l’Évangile. Jésus ne s‘est jamais acharné sur les victimes. Il a dénoncé très clairement, parfois violemment, les pharisiens, les scribes et les prêtres qui faisaient peser de lourds fardeaux sur les épaules des gens, sans jamais porter eux-mêmes la moindre charge.

L’Église s’acharne encore et encore sur les victimes pour alléger sa conscience, se dédouaner de sa responsabilité, cacher sa lâcheté.

« Qu’as-tu fait de ton frère ? », demande Dieu à Caïn. « Qu’as-tu fait de ton frère ? », nous sera-t-il demandé lors du face-à-face. Qu’as-tu fait de ton frère couché sur le bord de la route, rendu inconscient par tant de coups reçus ? L’as-tu pris par la main, l’as-tu écouté, entendu, consolé ? Ou l’as-tu ignoré par ton silence, ton aveuglement, laissant ses plaies s’infecter toujours plus ? L’as-tu pris par la main, l’as-tu aidé à se soigner, à se défendre ? As-tu publiquement pris parti pour lui ou as-tu juste détourné les yeux, de peur du « qu’en dira-t-on », ou des conséquences sur ta propre vie ? L’as-tu accompagné pour porter plainte ou l’en as-tu dissuadé ? As-tu été là dans ses nuits d’angoisse et d’envie d’en finir ? Ou l’as-tu laissé seul, bien au chaud dans ton lit ? As-tu mis de l’huile sur ses plaies ou du vinaigre par tes mots acérés, tes manières de l’ignorer ? L’as-tu amené dans l’auberge ou l’as-tu laisser mourir sur le bord de la route, indifférente à sa souffrance immense ?

Qu’as-tu fait de ton frère abuseur ? L’as-tu défendu, protégé par ton silence, l’omerta ? As-tu participé au mouvement général en le protégeant, dénigrant ceux qui ont osé parler ? As-tu fermé les yeux pour ne rien voir de la violence de ses actes ? Ou as-tu agi ? L’as-tu dénoncé ou aidé à faire la vérité dans sa vie ? L’as-tu aidé à reconnaître ses actes, à se repentir, à laisser couler les larmes de culpabilité pour pouvoir accueillir l’amour de Dieu dans sa vie ? L’as-tu aidé à réparer le mal commis ici sur terre ?

Choisir le thème de la résilience pour la journée de mémoire des victimes d’abus dans l’Église, alors que les victimes de ce même diocèse sont tout simplement ignorées, effacées, tuées, donne le ton. De cette cérémonie, chacun pourra partir rasséréné en se disant que le problème vient des personnes qui ne savent pas se relever toutes seules. Et l’on pourra passer à autre chose. Une évangélisation avec des communautés perverties, reconnues comme abuseuses. Et chacun fermera les yeux, dormira du sommeil du juste. Sauf… les personnes broyées qui se seront prises une fois encore des coups dans l’indifférence générale. Qui seront une fois encore culpabilisées d’être victimes et de ne pas savoir comment vivre. Mais qu’importe si ce jour-là la vie est trop dure, trop lourde, la mort trop tentatrice. Elles n’ont qu’à être résilientes et passer à autre chose.

Suzanne”

1 Le rapport de la CIASE (ciase.fr) explique clairement le processus d’anéantissement des victimes et ne fait pas dans l’apologie dévoyée de la résilience.

Une tribune en soutien des victimes d’abus dans l’Eglise

Promesses d’Église relaye cette tribune (qui a aussi été publiée sur le site de La Croix) en soutien aux victimes.

 

 

Association Mémoires des violences sexuelles et abus dans les Églises

TRIBUNE

Nous vous invitons à la signer

Pédocriminalité et abus dans l’Église :

sans mémoire, pas de justice

Les responsables de l’Église catholique agissent comme s’il leur était demandé de gérer des crises successives. La réalité est qu’ils doivent affronter un système défaillant qui a permis et continue de permettre à des criminels de se croire protégés par le silence et l’impunité de l’institution. Tant que l’on refusera d’assumer cette dimension systémique, l’Église restera dans l’oubli et l’inertie coupables.

Mémoriser pour réparer, reconnaître pour changer 

Ne plus traiter ces drames comme des scandales ponctuels, mais comme une responsabilité collective et historique, est indispensable. Il faut intégrer la voix des victimes, qui ne sont pas des objets, même de mémoire, mais des sujets éclaireurs d’une vérité qui dépasse les individus ; elles révèlent les mécanismes de pouvoir et d’omerta qui ont rendu ces crimes possibles. Il est essentiel d’accepter le travail mémoriel comme une obligation morale, non pas pour “tourner la page”, mais pour s’assurer qu’elle soit comprise, transmise et enseignée.

Une Église amnésique est une Église complice

La mémoire collective est un processus actif qui façonne le présent. En refusant d’engager un véritable travail mémoriel, l’Église continue d’alimenter les conditions qui ont rendu ces crimes et leur impunité possibles.

Nous rappelons avec force qu’aucune institution ne peut prétendre à une quelconque autorité morale si elle refuse d’affronter ses propres ombres.  La mémoire est un droit pour les personnes victimes et une obligation pour l’Église. L’indifférence et l’oubli forment des renoncements qui entachent la crédibilité de l’Église.

La reconnaissance du caractère systémique de ces crimes et la nécessité de réparation ne suffisent pas, il faut une remise en cause profonde de la manière dont l’Église catholique se pense et fonctionne. Si l’effraction spirituelle que représentent ces crimes concerne en premier lieu les personnes victimes, elle atteint l’ensemble de la communauté. L’inertie de l’Église institutionnelle est d’autant plus incompréhensible qu’elle creuse chaque jour un peu plus la fracture avec les personnes victimes, qui attendent justice et reconnaissance ; avec les fidèles, désorientés par ce silence et l’impunité des agresseurs ; enfin avec la société tout entière, qui constate ce refus d’assumer la vérité.

Ne pas oublier, c’est déjà agir

Il appartient à chacune et chacun d’affirmer, par un mot, un geste, un engagement, que nous n’oublions pas : nous refusons que ces drames se répètent, nous affirmons notre solidarité, nous agissons pour que l’Église et la société tout entière ne restent plus figées dans l’indifférence et l’oubli.

Cette parole est aussi un rempart contre l’exclusion et l’incompréhension. Elle empêche que les personnes victimes se retrouvent une nouvelle fois rejetées, isolées par le silence ou l’embarras de leur entourage. Elle leur signifie qu’elles ont une place, une écoute et une reconnaissance, qu’elles ne sont plus niées. Une pastorale et des actes liturgiques spécifiques doivent être inscrits dans la vie ecclésiale, afin que la mémoire des personnes victimes ne soit jamais effacée et qu’elle devienne un engagement spirituel et concret de toute la communauté chrétienne.

Une mémoire institutionnalisée pour exister réellement

L’Assemblée plénière de mars 2021 avait acté l’installation d’un lieu mémoriel. En 2023, le Groupe mémoire avait préconisé devant l’Assemblée des évêques l’institutionnalisation de ce travail mémoriel. Il doit s’incarner dans un lieu qui porte une parole mémorielle, historique et symbolique. Il doit être construit sur le témoignage des personnes victimes et avec elles, en réseau, afin de faire droit aux histoires personnelles, collectives et locales, et aux dimensions nationale et universelle.

Sans cette reconnaissance institutionnelle de la mémoire, toute prétention à la réparation restera une parole vide. Il est urgent que l’Église catholique crée un espace où la mémoire ne soit plus un fardeau à dissimuler, mais un levier de vérité et de transformation. Et que toutes les Églises, ainsi que les institutions civiles concernées, suivent ce chemin.

Née du Groupe mémoire ayant travaillé pour la CEF et la CORREF après le rapport de la CIASE, l’Association Mémoires des violences sexuelles et abus dans les Églises garantit que la voix des personnes victimes reste toujours centrale, pour que l’oubli ne l’emporte jamais sur la vérité.

Notre association prend la parole alors que la Conférence des évêques catholiques (CEF) de France s’apprête à ouvrir son Assemblée plénière de printemps à Lourdes. En amont, la CEF réunit des personnes victimes, des responsables des groupes de travail mis en place après le rapport de la Commission indépendante sur les abus dans l’Église (CIASE), ainsi que divers acteurs ecclésiaux et civiques pour une session intitulée « Lutte contre les violences ». Cette rencontre a pour objectif de dresser un bilan des actions menées et d’identifier ce qui reste à faire.

Des membres de notre Conseil d’administration participeront à la rencontre à Lourdes et distribueront la tribune avec vos signatures. Nous envisageons également une diffusion par courriel.

Cette tribune est publiée dans le journal La Croix en ligne du jeudi 20 mars.

Je signe la tribune

 

Calendrier pour la mise en oeuvre du Synode

Avec l’accord du pape François, le secrétaire général du synode, le cardinal Grech, a écrit le 15 mars 2025 aux évêques et au Peuple de Dieu du monde entier pour proposer un parcours d’accompagnement et d’évaluation de la mise en œuvre du synode. Dans sa lettre, il demande expressément aux diocèses et conférences épiscopales d’impliquer aussi les associations de laïcs et mouvements ecclésiaux. Il rappelle également que le document final du synode fait partie du magistère ordinaire et que sa mise en œuvre ne relève pas d’une application de directives venues d’en haut, mais d’un processus de réception des orientations adaptées aux cultures locales et aux besoins des communautés. Ce processus qui s’étale jusqu’en 2028 va se conclure par une célébration de l’assemblée ecclésiale à Rome en octobre 2028. Chaque diocèse est invité à communiquer au secrétariat du synode la composition et les références de son équipe synodale. Ces équipes se trouveront pour un Jubilé à Rome en octobre 2025. Voici le calendrier :

  • mars 2025: annonce du processus d’accompagnement et d’évaluation ;
  • mai 2025: publication du document d’appui pour la phase de mise en œuvre avec les orientations pour son déroulement ;
  • juin 2025 – décembre 2026: parcours de mise en œuvre dans les Églises locales et leurs regroupements ;
  • 24-26 octobre 2025: Jubilé des équipes synodales et des organismes de participation;
  • premier semestre 2027: Assemblées d’évaluation dans les diocèses ;
  • deuxième semestre 2027: Assemblées d’évaluation dans les Conférences épiscopales nationales et internationales ;
  • premier semestre 2028: Assemblées continentales d’évaluation ;
  • juin 2028: publication de l’Instrumentum laboris pour les travaux de l’Assemblée ecclésiale d’octobre 2028 ;
  • octobre 2028: célébration de l’Assemblée ecclésiale au Vatican.

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